03 May
Jubilé de Marc Berdoll du 1er mai 1995

Une belle fête et 1 500 personnes dans les tribunes du stade Jean-Bouin. Marc Berdoll a réussi son jubilé hier en marquant des buts, comme avant... 

Marc Berdoll au milieu des enfants, signant des autographes après avoir marqué quatre buts... comme dans les années 70. (Photo : Jean-Noël Sortant)

ANGERS. - Les anciens du SCO d'Angers, les joueurs annoncés (Edwige, Cassan, Lemée, Brûlez, Ferri, Gallina, Bedouet, Gonfalone, Lecornu, Damjanovic...) à l'exception de Jean-Marc Guillou qui n'a pu venir d'Afrique, ont battu sur la pelouse du stade Jean-Bouin les internationaux de France, 7-3 (ils menaient à la mi-temps, 3-2). Et Marc Berdoll qui, pour perpétuer la tradition, jouait avant-centre, a marqué trois buts sous les maillots blancs, noirs et oranges spécialement confectionnés par Jean-Louis Di Scala, l'organisateur de la manifestation. Dans le dernier quart d'heure, passé dans le camp d'en face (car il fut aussi 16 fois international), l'ancienne idole de Trélazé en a inscrit un autre, sur penalty. Il a encore de beaux restes, Marco, aujourd'hui employé au service des sports de Saint-Avold en Lorraine, d'où est originaire son épouse. Hier, ses deux fils, Jérôme (qui fut stagiaire au Sco et évolue à présent a Orléans, en DH) et Stéphane, ont joué à ses côtés : il y avait trois numéros 9 sur le terrain ! Mais l'événement du week-end et du jubilé a été la présence de Daniel Jeandupeux (qui a également assisté samedi soir au match de Cholet-Basket, en voisin car sa femme est de Cerizay dans les Deux-Sèvres) dont il faut savoir que la carrière s'est arrêtée au soir d'un Marseille-Bordeaux en 1977 lorsqu'il fut taclé par Marc Berdoll. Le malentendu entre les deux hommes a duré jusqu'à... avant-hier, car le Suisse reprochait à l'Angevin de ne pas s'être excusé. Leurs retrouvailles à l'occasion de ce jubilé a constitué le clou de la fête égayée par les facéties de Jacky Lemée en fin de partie : il rentra sur le terrain avec un maillot d'arbitre pour... expulser M. Quiniou ! L'humeur était à l'humour. J.F.Q.


Les copains d'abord


« Au rendez-vous des bons copains y'avait pas souvent de lapins », chantait Brassens. Effectivement, les copains de Marco Berdoll ont (presque) tous répondu présent lundi après-midi. Bravo à Jean-Louis Discala d'avoir réuni tout ce joli monde après un an de démarches et de recherches. 

EDWIGE. - Eric Edwige va sur ses cinquante ans mais il joue toujours à Cayenne en division d'honneur ! Son fils aîné Samuel (24 ans), évolue actuellement en CNF3 à Tarbes, mais il est déjà passé par Martigues et Montpellier. Dans le club du président Nicollin, il joua d'ailleurs à deux reprises en première division. 

CHLOSTA. - Juste avant le début du match, une minute de silence fut observée à la mémoire de Zygmund Chlosta. La nouvelle n'étant pas arrivée jusqu'à Cayenne, elle a donc surpris Eric Edwige. Le Guyanais n'était pas au courant non plus de la disparition, il y a deux ans, de Ladislas Nagy, l'entraîneur angevin au moment de la Coupe d'Europe en 1972. 

RECONVERSION. - Beaucoup d'anciens scoîstes sont restés dans le milieu du football soit comme entraîneur, soit comme éducateur sportif. Cependant, Gallina est devenu expert en assurances (il a cependant de beaux restes et l'a démontré au début de match devant Garande et Stopyra), Mouilleron est commerçant à Limoges, Ferri attaché commercial, Cassan directeur d'une société de transports, Lemée patron d'un restaurant et Brûlez employé chez France Farine. 

MARSEILLE. - Les matches contre Marseille ont une place à part dans le cœur des anciens scoîstes. Gallina parle d'une rencontre de 1966. « On leur met 5-0 et en plus le match était télévisé en direct ». Edwige et Mouilleron évoquent la fameuse demi-finale de la coupe de France en 1969. « Il y avait du monde partout. D'ailleurs, le record d'affluence tient toujours ». Janin n'oublie pas : « Mon premier match en pro, en 1975 contre l'OM de Paulo César. Je n'étais pourtant que le troisième gardien au début de cette année-là ». Felci parle d'un quart de finale de la coupe 76 à Jean-Bouin. « On avait gagné 1-0 mais on aurait dû en mettre cinq » et Lecornu se souvient « d'un match au mois d'août en 1980. On avait gagné 3-1 et le but marseillais avait été marqué par... Berdoll ! » 

GUILLOU. - Deux absents seulement parmi les nombreux joueurs annoncés : Patrick Gonfalone qui est actuellement CTR en Ile-de-France et Jean-Marc Guillou qui était retenu par un stage de formation et qui n'aurait pas joué puisqu'il est en délicatesse avec ses genoux. 

BELO. — Le plus ému de tous était sans doute Roger Belo. Celui qui a signé le plus de licences au SCO (20 années consécutives) entretient avec Marc Berdoll des rapports d'amitié qui dépassent largement le cadre du football. « Et dire qu'il y a quatre jours, j'étais encore hospitalisé », se plaisait-il à répéter au moment de donner le coup d'envoi. 

FIESTA. - Après une réception très classe dans les salons Curnonsky, beaucoup de joueurs sont allés finir la soirée à « l'Ecu de Bretagne ». D'aucuns — des esprits mal placés sans aucun doute — y ont vu le signe d'un pèlerinage. Ce à quoi Jacques Mouilleron répondit avec le sourire. « Les troisièmes mi-temps ce n'était sans doute pas bon pour la récupération, mais qu'est-ce que ça pouvait souder le groupe ». 

MAUVAIS SOUVENIR. - On n'en a pas évoqué beaucoup durant le week-end, mais il en existe un que Mouilleron n'a pas encore digéré. « Nous étions en tête du championnat cette année-là car nous avions gagné nos trois premiers matches. Nous nous sommes rendus à Lyon en sachant qu'on parlait de certains d'entre nous pour l'équipe de France. Il y avait le sélectionneur dans les tribunes. Nous avons perdu 8-0. La honte ».


Emotion et surprise


Il y a vingt ans, le SCO n'était pas seulement une bonne équipe, c'était surtout une belle bande de copains. Jean-Louis Di Scala les avait tous réunis ce week-end pour fêter Marco Berdoll. Le Trélazéen se souviendra longtemps de l'événement et de l'énorme surprise préparée par ses amis... Depuis près de vingt ans, il y avait une ombre dans la carrière de Berdoll. Elle remonte à un Marseille-Bordeaux de l'année 1977 où un choc violent entre Jeandupeux et Marco précipita la fin de carrière de l'international helvétique âgé alors de 28 ans. Depuis ce triste jour, les deux hommes ne s'étaient jamais revu ni parlé. « Pendant les deux mois qui ont suivi cet accident, j'ai été complètement à côté de la plaque » se rappelait Berdoll et jusqu'à hier chaque fois que je voyais le nom de Jeandupeux dans un journal l'accident me revenait en pleine figure ». Le contentieux relève désormais de l'histoire ancienne. Grâce à la persuasion de Roger Belo, émouvant dans le discours qu'il fit pour annoncer la nouvelle à Marco « Je n'ai rien préparé. Quand tu parles avec le cœur, il ne faut rien préparer... ». Jeandupeux est venu à Angers et il a serré la main de la réconciliation. « Le temps a fait son œuvre, il faut savoir oublier ». Emu jusqu'aux larmes, Berdoll a apprécié le geste de « ce grand monsieur » et a parlé de la « plus belle surprise de ma vie ! »

Au rendez-vous des copains

Guillou excepté, tous les copains de Marco avaient répondu présent, hier après-midi. Peu ont reconnu le terrain qu'ils avaient foulé vingt ans auparavant. « C'est enfin devenu un vrai stade de foot ici » notait Edwige avec le sourire. Du match, on ne retiendra que les côtés anecdotiques et émouvants : Henri Michel, de loin le plus chambreur chez les internationaux français ; Jacky Lamée qui, dans le dernier quart d'heure, réapparaît sur le terrain en tenue d'arbitre et expulse Joël Quiniou ! « C'est bien la première fois qu'on me fait un coup comme celui là » confiait le numéro un des sifflets français. Mais encore Berdoll, lui-même, qui marque trois buts et termine le match en compagnie de ses deux fils Jérôme et Stéphane. Et puis aussi Cassan qui fait (un petit peu comme tout le monde d'ailleurs...) un super début de match avant de s'éteindre progressivement : « Normal, je n'avais pas joué le moindre match depuis un an ! » De Gallina à Brûlez, de Damjanovic à Mouilleron et d'Edwige à Ferri, tous ont prouvé leur attachement à un club qui a compté un peu plus que les autres dans leur carrière, Dédé Ferri notant d'ailleurs avec justesse : « Il y a une chose que je trouve bizarre ici. C'est qu'il n'y ait aucun « ancien » dans l'encadrement actuel du club. Alors ? ». 


Roger Belo en était ému


Le jubilé de Marc Berdoll était aussi, dans les faits, celui de Roger Belo, qui fut durant une vingtaine d'années, le directeur sportif du SCO d'Angers, et passe toujours pour le père spirituel de l'avant-centre fêté lundi. C'est lui qui, avec Jean-Louis Di Scala et Philippe Rousseau, avait mis sur pied le jubilé avec les anciens du SCO (les reconnaissez-vous ?), mais la veille, il avait reçu des mains de Claude Simonnet, président de la fédération française de football, la médaille d'or de la jeunesse et des sports.

Debout de gauche à droite : Zvunka, Lecornu, Lecoeur, Gallina, Damjanovic, Brûlez, Bedouet, Mouilleron. Accroupis : Edwige, Cassan, Berdoll, Bracci, Laguesse, Berdoll Jérôme. 

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